Doser le chlore à l’aveugle, c’est jouer à l’apprenti sorcier avec sa piscine. Trop souvent, le réflexe est de croire qu’un bassin bien chloré rime forcément avec hygiène parfaite. La réalité est moins flatteuse : les excès de chlore sont monnaie courante, et leurs conséquences, bien réelles.
Excès de chlore dans la piscine : un problème plus fréquent qu’on ne le pense
Le surdosage de chlore touche tous les bassins, du jardin familial à la piscine municipale. Dès qu’on traite l’eau avec ce désinfectant, la vigilance s’impose : une main trop lourde lors d’un traitement choc, un calcul erroné ou un automate capricieux, et le taux grimpe en flèche. Les piscines au sel, elles, génèrent leur propre chlore grâce à un électrolyseur : pratique, mais pas infaillible. Même avec l’automatisation, la surveillance reste de mise, notamment quand les températures montent ou que les nageurs affluent.
Dans les piscines publiques, le phénomène s’accentue. Pour parer à la multiplication des baigneurs, on a tendance à charger la dose, persuadé que plus, c’est mieux. Mais à la clé, ce sont des expositions prolongées à des niveaux dépassant largement les seuils recommandés.
Voici les repères à garder en tête pour limiter les dérapages :
- La plage idéale de chlore pour une piscine privée se situe entre 1 et 3 mg/L ; pour le chlore non stabilisé, mieux vaut rester entre 0,5 et 1,4 mg/L.
- Au-delà, les désagréments ne tardent pas : l’eau, les équipements, et surtout les nageurs, en font les frais.
Quant aux piscines naturelles, elles échappent à ces problèmes, misant sur un équilibre biologique sans recours au chlore. Mais la grande majorité des bassins français reste fidèle à ce traitement. Les chiffres des professionnels sont sans appel : chaque été, les incidents liés au surdosage se multiplient.
Quels sont les risques pour la santé, l’environnement et votre matériel ?
Les baigneurs sont les premiers concernés. Dès que le chlore dépasse la norme, les irritations de la peau et des yeux font leur apparition. Les enfants, plus vulnérables, développent plus facilement de l’asthme ou des réactions allergiques. Dans une piscine couverte, les vapeurs sont prisonnières : toux sèche, inconfort respiratoire, gorge qui pique, rien de bien réjouissant. Ce sont les chloramines, produits secondaires du chlore qui rencontre des impuretés, qui exacerbent ces effets, avec leur odeur âcre et leur capacité à agresser les muqueuses.
L’environnement du bassin, lui aussi, paie la facture. Trop de chlore, et c’est tout l’équilibre de l’eau qui bascule. Les chloramines s’accumulent, l’odeur prend le dessus, rendant la baignade peu agréable. Et lors des vidanges, l’eau chlorée qui s’en va dans la nature n’est pas anodine pour les organismes aquatiques. Espacer les traitements choc, c’est limiter l’impact.
Quant au matériel, il finit par s’user à marche forcée : liner qui ternit et devient rêche, joints qui perdent leur étanchéité, tuyaux fragilisés, pièces métalliques qui rouillent plus vite que prévu. Textiles et accessoires subissent aussi le contre-coup, se décolorant au fil des baignades. Les fabricants et les experts du secteur sont clairs : un bassin surchloré, c’est l’assurance de devoir remplacer plus tôt que prévu ses équipements, et de multiplier les réparations.
Pour résumer les principaux effets d’un excès de chlore, voici ce qui revient le plus souvent :
- Peau et yeux irrités, risques d’allergies ou de troubles respiratoires plus marqués chez les jeunes enfants
- Dégradation accélérée du liner, corrosion des pièces métalliques, et textiles qui perdent leur couleur
- Conséquences environnementales : lors des vidanges, l’eau trop chlorée nuit à la vie aquatique alentour
Reconnaître rapidement un surdosage : signes qui ne trompent pas
Dès que le chlore sature l’air, l’odeur devient envahissante. Beaucoup l’associent à tort à une hygiène au top, alors qu’elle signale souvent des chloramines, révélatrices d’un excès ou d’un déséquilibre. Autre indice : les yeux qui piquent à la première brasse, la peau qui tiraille. Ce n’est pas un hasard, mais un avertissement.
L’état de l’eau offre aussi des indices. Une eau qui se trouble, qui blanchit, c’est souvent le signe que la balance chimique dérape. À l’inverse, une eau qui verdit malgré la présence de chlore en quantité signale un déséquilibre profond, propice au développement d’algues coriaces.
Pour vérifier, rien ne vaut une mesure objective. Les bandelettes de test ou un testeur électronique permettent d’obtenir un chiffre fiable : au-delà de 3 mg/L de chlore dans une piscine privée, l’excès est confirmé. Les recommandations sont claires : 1 à 3 mg/L pour le chlore stabilisé, 0,5 à 1,4 mg/L pour le non stabilisé. Ces instruments facilitent l’ajustement rapide du traitement.
Les signes à surveiller en priorité :
- Odeur de chlore forte, piquante, dès l’arrivée au bord du bassin
- Eau qui perd en transparence, aspect trouble, blanchâtre ou même verdâtre
- Sensations d’irritation immédiates des yeux ou de la peau
- Tests de chlore qui révèlent des valeurs hors plage recommandée
Des solutions simples pour rétablir l’équilibre et éviter les erreurs à l’avenir
En cas de surdosage, l’urgence est de suspendre l’apport de chlore. Exposez ensuite la piscine au soleil : les UV naturels font leur travail de neutralisation et accélèrent la dégradation du chlore excédentaire. Ouvrir la piscine et ôter toute couverture aide également à dissiper les chloramines responsables des odeurs et des irritations.
Si le niveau de chlore reste trop haut, on procède à une vidange partielle suivie d’un remplissage : dilution rapide et efficace, qui rééquilibre aussi les autres paramètres. Pour les cas extrêmes, l’usage de thiosulfate de sodium neutralise le chlore chimiquement ; cette option s’adresse aux pisciniers ou aux situations critiques.
Pour éviter de revivre la même mésaventure, le suivi régulier de l’eau est la meilleure assurance : bandelettes ou testeur électronique sont vos partenaires. La norme NF EN 16713-3 recommande d’ailleurs l’installation de systèmes automatiques de dosage, surtout dans les bassins fréquemment utilisés.
Veillez aussi au pH : mal réglé, il rend le chlore moins efficace et accentue les déséquilibres. La plage idéale : entre 7,2 et 7,6. Les autorités sanitaires et les organismes de normalisation le rappellent : des analyses fréquentes, c’est la clé pour une eau saine et un bassin durable.
Sous le bleu trompeur de la surface, le chlore en excès peut transformer la baignade en expérience difficile et écourter la vie de votre piscine. Miser sur la mesure, la régularité et quelques gestes simples, voilà le vrai secret d’une eau limpide… et sereine.
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